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Cardinal Suenens au sujet du pape Jean Paul Ier

Albino Luciani élu comme pape

 

Je trouve dans mes notes quelques singularités qui ne portent aucunement atteinte au secret du scrutin lors du conclave, et qui peuvent contribuer par ailleurs à saisir un peu l’atmosphère qui entourait celui-ci. Nous arrivâmes à 16u30 afin d’entrer en conclave. J’avais la chambre 88, qui formait une entité avec la chambre 86 allouée au cardinal Duval. Je devais traverser sa chambre afin de pouvoir rentrer dans la mienne. C’était une des chambres où Benelli avait laissé installer l’eau courante. Le cardinal Luciani, comme bien d’autres cardinaux, ne disposait que d’une cruche d’eau…

 

Pour comble de bonheur, nous disposions aussi d’une douche! Humblement les cardinaux Silva et landazúri demandèrent à pouvoir bénéficier de cette formidable faveur. Celle-ci leur fut accordée!

 

Ma chambre était un véritable fourneau, une sorte de sauna. On s’imagine difficilement ce que signifie de dormir dans un four. L’unique fenêtre était scellée. Le lendemain je réussis à briser celui-ci. Un peu d’oxygène et d’air sont d’une bienveillance divine! Il faisait nuit, il faisait matin, - et ce fut ‘D’-day.

 

Messe concélébrée en la chapelle Sixtine à 9.30h. La veille au soir, un cardinal d’Amérique Latine m’avait murmurer le nom de son candidat… et sur ce, quelqu’un d’autre entre également dans ma chambre, un peu d’échange de vue, me suggéra le même candidat, et me montra la personne dont question dans la galerie où il récita le rosaire.

 

Lors du premier vote: une panoplie de noms; lors du second vote la liste de noms diminua; lors du troisième l’aube se pointa; lors du quatrième le soleil se trouva au zénith. C’était Jean Paul Ier. Directement après, nous avons été appelés un par un afin de donner l’accolade de fraternité: ‘Puisse Dieu vous pardonner de ce que vous avez fait!’ (Cette boutade nous est parvenue via la presse, qui y voyait injustement un blâme.) Par la suite, nous avons suivi le pape qui se dirigeait vers le balcon afin d’accorder sa première bénédiction. Ensuite, nous avons dîné tous ensemble et il a échangea quelques propos avec chacun de nous. Arrivé au dessert, il y eut un américain qui désira allumer une cigarette – ce qui n’était pas du tout protocolaire – et qui demanda l’autorisation au nouveau pape. Celui-ci le regarda sérieusement, attendit quelques secondes, et répondit ‘Oui éminence, je vous accorde l’autorisation, mais à une condition’ – attendit à nouveau quelques instants – chacun dressant les oreilles – et dit: ‘… que la fumée soit blanche!’.

 

Une autre scène amusante se déroula au moment où les cardinaux se dirigèrent en cortège vers la chapelle Sixtine en vue de la concélébration. D’après les usages, le maître de cérémonie fait l’appel de tous les noms afin de disposer les participants dans l’ordre des préséances. Distrait, il appela le cardinal Luciani au même titre que les autres cardinaux la veille. Hilarité totale. J’espère ici ne pas avoir trahi le secret du conclave!

 

Le mercredi 20 août il y avait une première audience de prévue pour les cardinaux se trouvant encore à Rome. Le Pape écouta tout souriant le discours du cardinal doyen, puis il joua un peu avec la feuille de papier sur lequel figurait le texte qu’on lui avait préparé. A haute voix il dit: ‘Est-ce que je lis cette feuille de papier toute préparée ou bien est ce que j’improvise?’

 

Ceci donnait un avant-goût de celui qu’on allait découvrir lors des prochaines audiences. Il a choisi d’improviser. J’ai essayé à ce moment d’introduire une acclamation par applaudissement, mais mes vénérables collègues ne bougèrent pas. Lors de cette improvisation le Pape nous raconta que le cardinal Felice lui avait présenté pendant le conclave un petit cadeau, et en même temps lui avait dit, con voce suave (avec une voix tendre): ‘Ceci est un message pour le Pape.’ C’était une effigie métallique du chemin de croix. Jean Paul Ier s’abstint de tout commentaire, mais fit remarquer qu’une des stations était celle de la rencontre avec Simon de Cyrène. Il affirma qu’il comptait beaucoup sur nous afin de jouer ce rôle.

 

Et de même, il poursuivit: ‘Je suis tout nouveau venu ici au Vatican: je ne connais rien de son organisation – de cette sorte d’horloge. Ma première tâche était d’ouvrir l’annuaire papal et de voir ‘qui est quoi’ et comment la mécanique fonctionne. Finalement il reprit le document préparé par le secrétariat d’état qui se termine par la formule classique de la bénédiction apostolique. Il s’arrêta à mi-chemin de sa lecture: ‘Je suis un peu gêné de vous bénir; car nous tous présents ici, sommes apôtres du Christ, et la formule est un peu bombante’. Mais malgré cela il continua fugitivement à donner sa bénédiction. Par après nous avons embrassé un à un l’anneau papal.

Pour chaque cardinal il avait un mot personnel. Au cardinal franciscain ladazúri (Perou) qui me précédait: ‘Ecco San Francesco’ (voici saint François), à moi: ‘Voici le cardinal du saint Esprit qui écrit admirablement à son propos…’

 

Je lui souffle à l’oreille: ‘Pourriez-vous par pitié envers les protestants et la télévision qui n’apprécient pas les longues digressions, laisser tomber la longue formulation latine annonçant les indulgences à la fin de la bénédiction papale, dimanche prochain, après la cérémonie sur la place Saint Pierre? Le pape me répondit: ‘Parlez en au maître de cérémonie’. A laquelle je répondis: ‘Non, Saint Père, c’est à vous de le dire; mon rôle se limite uniquement à vous le suggérer’. Ma suggestion n’a pas eu de suite.

 

Voici encore un dernier souvenir. Lorsque j’arrivais ce matin là au Vatican, je rencontrais dans l’ascenseur un groupe de cinq cardinaux, qui comme moi-même, se rendirent à l’audience. Parmi eux le cardinal Parente, ancien assesseur du Saint Office, qui pendant de nombreuses années était le numéro deux de la congrégation aux côtés du cardinal Ottaviani, duquel il était le bras droit. De par son âge respectable, il n’avait pas participé au conclave, mais se rendit comme chacun de nous, à la séance plénière du nouveau pape. Il me semblait un devoir de trouver une excuse en compensation de sa non-participation au conclave et d’adoucir l’exclusion due au grand âge. Voilà pourquoi, pendant que l’ascenseur montait, je lui tendis la main par-dessus les épaules des autres cardinaux en disant à haute voix: ‘Cardinal Parente, je salue en vous un courageux défenseur de la collégialité du Concile. Nous n’oublierons jamais votre intervention, et nous l’estimons à sa juste valeur!’ C’était une allusion à sa plaidoirie en vue de la collégialité du concile, une intervention qui avait frappé de stupeur le Saint Office, et qui fut appréciée par la majorité conciliaire.

 

Lorsque nous sortions de l’ascenseur, nous avons poursuivi notre échange verbal. A ce moment là, il me rapporta textuellement: ‘Lors du premier millénaire de l’Eglise, nous avons vécu une réelle collégialité de l’Eglise, le deuxième millénaire l’a «ordonnée et mise en juridiction»; A présent nous devons retourner à la juste signification et ce ne sera pas la Nota praevia qui l’empêchera!‘ J’ai noté ces mots qu’il prononça instantanément. L’avenir confirmera s’il était prophète.

 

Ce qui précédemment s’appelait le couronnement du pape, et qui fut transformé par Jean Paul Ier en une simple cérémonie lors de l’avènement de sa tâche pastorale, officiellement dénommée ‘messe solennelle lors de l’avènement de son mandat en tant que pasteur suprême’, fut célébré le 3 septembre 1978. Cette cérémonie comprenait comme d’habitude la procession des cardinaux, qui déclarèrent solennellement leur obéissance au souverain pontife. Lorsqu’il me donna l’accolade, il me souffla de façon humoristique à l’oreille: ‘Ecco, l’incontro con Io Spiritu Sancto, mi raccomando.’ (Ici nous avons la rencontre avec le Saint Esprit. Je me recommande à vos prières.)

 

Je m’étais rendu à l’aéroport de Ciampino afin d’accueillir le roi et la reine des Belges qui désirèrent assister à la cérémonie. Dans un salon de l’aéroport attendait un prélat du Vatican, Mgr Caprio, représentant le Saint Siège. Il me fit part de ses premières réunions de travail avec Jean Paul Ier le même jour. ‘Lorsque les affaires furent réglées, le pape se leva afin de me reconduire vers la sortie. Je lui ai dit: «Saint Père, ce n’est pas l’habitude que le pape raccompagne un adjoint.» Le pape répondit: Nessuno puo impedire il papa di fare due passi» (Personne ne peut empêcher le pape de faire deux pas.)’ Il appartenait bien à l’école de Jean XXIII, un pape à surprises, avec un style inhabituel.

 

L’inquiétude et la spontanéité de Jean Paul Ier

 

Jean Paul Ier apparut et disparut tel un météore au firmament de l’Eglise. Son élection fut une surprise pour nous tous ainsi que pour lui-même. Au moment de l’acte d’obéissance dans la chapelle Sixtine, quelques minutes après l’élection, lorsque mon tour était venu, j’ai reçu l’accolade et lui ai dit: ‘Très saint Père, je vous remercie d’avoir bien voulu porter ce fardeau sur vos épaules’ Il répondit avec beaucoup d’à propos mais avec un sourire qui atténuait un peu sa signification: ‘J’aurais peut-être mieux fait de refuser!’ Ces paroles n’étaient pas légères.

 

Le lendemain matin – le conclave terminé, il était retourné vers sa cellule afin de se reposer un peu – je le rencontrai dans l’escalier et nous nous sommes dirigés ensemble vers la chapelle Sixtine où aurait lieu la concélébration. Je lui demandai tout naturellement: ‘Avez-vous pu dormir un peu après les événements d’hier?’ Sa réponse: ‘Non, je n’ai eu que des doutes’ confirmant ainsi les paroles qu’il prononça la veille, mais cette fois sur un ton plus pessimiste.

 

Nous ne savions pas qu’il avait déjà subi plusieurs interventions chirurgicales dues à la mauvaise circulation du sang, et que c’était dans la famille. Il en parla lui-même, quelques jours plus tard, pendant une audience accordée à des malades. Je cite ces mots parce qu’ils jettent une lumière sur le décès inopiné de Jean Paul Ier, et parce qu’ils coupent court aux romans policiers fabriqués de toutes pièces qui suivirent sa mort.

 

Un souvenir

 

Venise, 10 décembre 1974

 

Eminence,

Sur la page 260 de votre livre «Une nouvelle Pentecôte? » Vous écrivez: ‘Tout ceci est mal exprimé.’ Je pense le contraire. Vous l’avez bien indiqué. Vous avez le don d’écrire de façon à ce que se soit indélébile, que cela provoque de l’intérêt et vous entraîne.

 

Mais il en va de la forme. En ce qui concerne le fond, je dois avouer que j’ai du relire les textes de saint Paul ainsi que les actes des apôtres que je pensais bien connaître (p. 126) et de les regarder sous un autre angle, avec un nouveau regard. Votre livre était – et reste – pour moi un guide précieux pour la lecture des Actes des apôtres.

 

Je vous remercie du bien que vous avez fait pour mon âme et de l’impulsion que vous donnez à l’Eglise.

 

Je vous prie d’accepter mes meilleurs vœux pour Noël en vous souhaite une heureuse nouvelle année.

 

Salutations cordiales.

Luciani, patriarche

 

Son pontificat fut de courte durée, à peine un mois. Néanmoins il nous a donné un message de paix chrétienne.

 

 

Interview avec le cardinal Suenens de Malines-Bruxelles dans «De Tijd» (L’Echo) (6 octobre 1978)


La papauté n’est pas un sacrement.

 

«La papauté n’est pas un sacrement. Jamais été par ailleurs. L’épiscopat est un sacrement. Le Pape est essentiellement l’évêque de Rome, et de ce fait constitue le lien avec l’ensemble des églises, qui forment l’Eglise Catholique.» Ceci est la vision du cardinal Suenens, archevêque de Bruxelles Malines. Il attira l’attention le 15 mai 1969 lorsque, dans une interview accordée au mensuel Parisien Informations Catholiques, il esquissa les nouveaux critères d’une relevante papauté. Le cardinal Suenens a été considéré pendant le dernier conclave, qui vit sortir Albino Luciani comme pape, comme le grand «créateur de pape» en arrière fond. Dans sa résidence à Bruxelles, il se montre, en ces jours d’élection pour un nouveau pape, plutôt réservé. Toutefois, il veut bien affirmer ce qui suit: «Peut-être devons nous caractériser le pontificat de Jean Paul Ier comme un pontificat de transition. Mais cela n’explique entièrement. La tradition est faite d’une suite de transitions. Le pape décédé a entrepris certains actes qui ont valeur à présent. Qui sont permanentes! Je mise sur le style de sa papauté. Le renoncement à la tiare, le refus du trône, le choix d’une simple fonction. Ce sont des choses qui restent.»

 

Quel type de pape cherche le cardinal Suenens après le décès du pape Jean Paul Ier?

Suenens: «Il s’avère très difficile de trouver quelqu’un qui possède toutes les qualités. C’est pratiquement impossible de trouver quelqu’un qui satisfasse à toutes les conditions. L’essentiel est de choisir la personne qui saisisse que dans des domaines qu’il ne domine pas, il doive trouver des gens qui assistent. Mon désir serait un homme humble, conscient de ses limites et possibilités, et qui trouve des individus capables de le seconder. Par conséquent, quelqu’un dans le genre du pape décédé. Luciani était un exemple d’humilité, de totale disponibilité, et conscient de ses limites.»

 

Vous estimez qu’un pape doit déléguer?

Suenens: «Je ne l’exprimerais pas de façon tellement juridique. L’Eglise n’est pas une démocratie.»

 

Comment le conclave en est-t-il venu sur le choix de Luciani?

Suenens: «Il n’y a pas eu le moindre plan. Vous seriez bien étonné de savoir combien peu nous discutons entre nous. Le conclave est un lieu de prière et de méditation. Il n’était pas question d’un ‘pré conclave’ dans le sens d’un éventuel préaccord. Nous avons commencé le conclave sans savoir qui ou dans quel sens nous choisirions. A cet effet, le danger pourrait consister dans le fait que la presse chercherait un candidat qui soit exactement du même modèle. Mais cela n’existe pas. Chacun a ses propres talents, son propre cachet.»

 

Mais si vous n’avez, ni une personne, ni un genre de candidat comme pape devant les yeux, alors c’est tout de même impensable que vous vous en sortiez avec une seule journée, et c’était le cas pour Luciani.

Suenens: «L’affaire a été un peu écourtée de par la sage mesure de Paul VI de planifier quatre votations chaque jour.»

 

Mais vous avez tout de même eu plusieurs noms en tête que Luciani?

Suenens: «Et bien oui, mais pas dans le sens que nous en discutions entre nous. Il est bien demandé des informations qui nous sont heureusement données, par exemple au sujet de la santé. Pour le reste, en dehors de l’échange d’éventuelles informations, c’était pour moi un événement exceptionnel, un émerveillement d’en arriver à ce choix non planifié».

 

Vous parliez d’une manifestation du Saint Esprit…

Suenens: «Oui, parfaitement, et même le fait qu’un mois plus tard il soit décédé ne change rien au fait que ce pape, dans l’Eglise, n’ait effectué une transition, réalisé un passage, ne fut ce que dans le nouveau style qu’il manipulait. Et cela reste. Jean XXIII se dénommait lui-même un pape de transition. Mail il y ajoutait aussitôt: De transition en transition, cela constitue la continuité de l’Eglise.»

 

Que pensez-vous d’une limite d’âge pour le mandat de pape?

Suenens: «Bien entendu, le problème de l’âge se pose. C’est une réalité. Sur ce point il devrait y avoir moyen de trouver une solution. J’ai plaidé au concile pour une limite d’âge pour les évêques. Paul VI l’a réalisé.»

 

Il n’a pas repris votre idée d’élargir le collège des électeurs.

Suenens: «Oui, c’est ainsi. Par ailleurs, pour moi, il s’agissait plutôt de la façon de nommer les cardinaux. Je trouvais qu’ils pouvaient être présentés par la conférence épiscopale locale, mais cela n’a pas eu lieu.»

 

De toute façon, actuellement l’assemblée des croyants est mise hors jeu.

Suenens: «Mais non. Ils sont profondément concernés. Ils prient pour le succès du concile. Ce fut très impressionnant. De même, l’attention et la prière de nos confrères séparés étaient parfaitement nettes. D’ailleurs: le métropolite Russe Nicodème rendit l’âme dans les bras du pape, et j’y trouvais un signe, un mystère, un signe pour le futur. La participation du peuple au scrutin même, je trouve cela irréaliste. Coresponsabilité des croyants par contre, là je dis oui.»

 

Mais cela maintient le peuple en dehors du choix. Ne pourrait-on cesser de tisser tant de secrets autour du choix.

Suenens: «Néanmoins je trouve sage de maintenir un peu de secret autour du choix. Regardez en France, l’animosité qui règne entre Giscard d’Estaing et Mitterrand. Cela crée énormément de divisions parmi le peuple. Pareille chose pourrait être évitée si on ne communique pas le numéro deux.»

 

Le prof. Karl Rahner opta pour un pape à sens unique. Pas tellement une sorte de pasteur, qui choisit consciemment pour les pauvres bien entendu.

Suenens: «Il est impensable d’avoir un pape, qui ne choisisse pas pour les pauvres. Les papes le font en conséquence. Il ne faut pas tellement se fixer aux apparences. Cela appartient à l’image classique que l’on se fait des papes du passé, et vous choqueriez les fidèles en le changeant de façon trop radicale. Mais un pape à sens unique? Chaque pape doit confirmer les valeurs évangéliques où qu’elles puissent se trouver. Parce que là, se trouve réellement l’Eglise. Vous ne pouvez lier cela à quoi que ce soit.»

 

Message du cardinal L. Suenens, archevêque de Bruxelles Malines lors du décès du pape Jean Paul Ier


Bien chers collaborateurs et croyants,

 

La fâcheuse nouvelle du décès inopiné du pape nous a tous attristé au plus profond de nous-mêmes. Rien ne laissait supposer que cette vie ne se termine si soudainement et à l’improviste. Cette nouvelle, non seulement n'a pris au dépourvu les chrétiens du monde entier, mais touche profondément le monde entier, car Jean Paul Ier avait déjà conquis leurs cœurs.

 

Son style direct et simple, son accessibilité, son humilité et surtout son sourire le montrèrent comme un homme de grande clémence, de courage, avec beaucoup d’amour pour Dieu et son prochain. De même, dans la mort, il rejoint rapidement Paul VI, il portait aussi son nom en témoignage de continuité et de fidélité. Tous les deux donnèrent leur vie pour l’Eglise qu’ils adoraient tant et sont réunis à présent dans le ciel, dans la paix du Seigneur. Pour nous chrétiens, la mort reste un mystère, une profonde nuit, mais c’est comme une nuit dans laquelle la foi découvre des points lumineux, et dans laquelle l’aurore pointe subitement. Pour nous la mort reste profondément liée au mystère Pascal, et donne par l’occasion, l’accès à la résurrection et à la vie éternelle. La mort est un passage, un couloir, une entrée dans la vie même qui n’en finit jamais.

 

Puisse le Seigneur accueillir à bras ouvert son serviteur Jean Paul. Puisse-t-Il lui accorder la paix que sur terre il a tant cherchée, car sa vie ne fut qu’une suite ininterrompue de servitude et d’ardeur.

 

Il est mort aujourd’hui le jour de la fête des archanges. Dans la liturgie des défunts nous prions: Que les Anges vous conduisent au Paradis, vers la paix éternelle du Seigneur. Et puisse-t-il au milieu des Anges et des Saints nous être au plus près.

 

Malines, 29 septembre 1978.

 

+ L.J. Cardinal Suenens

Archevêque de Bruxelles Malines.